Face à la crise sociale

Nous sommes entrés dans une crise économique et sociale profonde.photo_1230664267015-5-02 Le chômage est reparti à la hausse avec son cortège de souffrances, d’angoisses et de replis sur soi. Comme toujours, les plus durement touchés sont les plus faibles et les plus démunis. Alors qu’elle est déjà insuffisante, alors qu’elle est d’autant plus indispensable, la solidarité est elle-même menacée. Au sein de la nation comme à l’échelle internationale, chacun cherche à se protéger et les tentations, protectionnistes au plan économique, xénophobes sur le terrain social, tendent à se multiplier comme en témoignent les mouvements sociaux au Royaume Uni et aux Pays-Bas. Pourtant, nous savons que ces penchants naturels conduisent davantage à la guerre qu’à la prospérité et au progrès social.


Comment faire face ? D’abord, en faisant les bons diagnostics. Cette crise est une crise globale de longue portée, qui remet en cause le modèle de développement économique et social que nous connaissons depuis l’après-guerre. Celui-ci est fondé sur une destruction des richesses naturelles qui se font de plus en plus rares. Il provoque des inégalités à l’échelle planétaire qui menacent la stabilité des démocraties quand rien n’est entrepris pour les réduire. Elle exige donc des réponses structurelles de long terme.


L’autre diagnostic est à plus court terme : nous ne sommes pas tous atteints de la même façon par cette crise. Les plus menacés socialement sont ceux qui perdent leur emploi, ceux qui entrent en chômage partiel ou dont les entreprises doivent se restructurer. Il serait dramatique de laisser croire, comme le fait l’extrême gauche, que les problèmes de pouvoir d’achat concernent la quasi totalité des Français. Ils concernent principalement les 40% d’actifs et la partie des retraités dont les revenus sont inférieurs au SMIC, sur une base annuelle.


De ce double diagnostic, ressort une double exigence.


D’abord, utiliser la richesse nationale et les système de protection sociale en direction des salariés privés d’emploi, en précarité ou travaillant à temps partiel. Ce sont les catégories prioritaires pour lutter contre le spectre de la pauvreté et rassurer l’ensemble de la population. Toute relance indistincte ne ferait qu’accroître les inégalités réelles. De ce point de vue, les mesures annoncées sur le chômage partiel, les allocations familiales vont dans le bon sens mais elles sont insuffisantes et seront trop tardives. L’accord sur la formation professionnelle signé par l’ensemble des organisations syndicales est aussi un point d’appui qu’il faut mettre en œuvre sans tarder.

Ensuite, engager les transformations profondes dont notre système productif et notre pays ont besoin. Cela exige d’investir massivement dans la Recherche, l’éducation et la formation. Lutter contre les inégalités suppose de revoir complètement les politiques de rémunération dans les entreprises. Réorienter les choix d’allocation du capital et les politiques d’investissement des entreprises en faveur du développement durable et des besoins collectifs suppose de modifier profondément la gouvernance des entreprises. Il s’agit de renouveler notre conception de l’entreprise pour renforcer la démocratie économie et sociale et pour gagner en compétitivité. C’est à un compromis social-démocrate entre l’économique, le social et l’environnemental que nous devons travailler.

C’est la mission du groupe de travail mis en place par « Inventer à Gauche » que Catherine Tasca et moi-même animons. Tous les adhérents et sympathisants de notre association sont invités à contribuer en envoyant leur contribution par mail à l’adresse contribution@inventeragauche.com.


Marc Deluzet

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