Arrêter la protection excessive des ingénieurs biens payés, facilement ré-employables par Olivier COSTE

Aujourd’hui, les grandes entreprises de high-tech internationales investissent massivement dans le monde, mais pas en Europe continentale. A titre d’illustration, Microsoft investit 6 Mds € / an en R&D, Intel 5 Mds €, quand la totalité de la R&D privée en France est seulement de 24 Mds € / an (tous secteurs confondus).

La principale raison en est le coût de restructuration d’un ingénieur pour une grande entreprise : 150 000 à 200 000 € par ingénieur, soit 15 à 20 M€ pour une structure de R&D de 100 personnes environ. A titre de comparaison, le bénéfice attendu d’une telle structure en cas de succès serait de 5 à 7 M€ / an pendant 3 ou 4 ans. Le coût d’un échec est équivalent au bénéfice espéré en cas de succès. Les investissement sont donc logiquement bloqués.

En matière d’innovation, les risques d’échec sont importants. Il faut donc baisser le coût de l’échec en France pour relancer l’innovation. C’est aujourd’hui le principal frein à l’investissement.

Ce coût de l’échec est valable pour les grandes entreprises mais a des impacts multiples :

–          Frein à l’investissement en France des grandes entreprises françaises, qui préfèrent investir ailleurs.

–          Repoussoir pour les grandes entreprises internationales, qui évitent de localiser leur R&D en France, alors que leurs moyens financiers sont considérables.

–          Faible financement des startups en Europe continentale, car c’est souvent en revendant une startup à un grand groupe que les fonds de capital-risque rentabilisent leurs investissements dans de nombreuses autres startups.

En outre, pour des ingénieurs bien payés, plus de 100 000 € / an par exemple, il n’y a aucune raison légitime de prendre un an à négocier avec les partenaires sociaux (tout en payant des installations de R&D devenues inutiles), de donner une prime de 1 à 2 ans de salaire (défiscalisée) puis deux ans de protection chômage, soit 4 à 5 ans de protection.

S’il est légitime de préserver la protection des cols bleus, ce serait une mesure de justice sociale que de remettre en cause les protections excessives des cols blancs / ingénieurs / cadres supérieurs bien payés, facilement ré-employables. Cette mesure serait en outre très efficace pour redynamiser l’innovation en France, sans nécessiter de nouveaux financements publics.

 Olivier COSTE

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