Tempête sociale aux Antilles !

guadeloupe2Depuis maintenant plusieurs semaines la Guadeloupe et, désormais, la Martinique et la Guyane connaissent une crise sociale d’une acuité et d’une intensité exceptionnelles. Au cœur des préoccupations de nos compatriotes d’outre-mer, là encore, le pouvoir d’achat et l’emploi.

Jour après jour la paralysie économique s’étend. Elle est, à terme rapproché, extrêmement préoccupante pour la capacité de nos départements à repartir d’un bon pied, alors qu’ils doivent eux aussi, de surcroît, affronter la crise mondiale.

Soyons justes et n’ayons pas la mémoire courte : depuis des décennies, l’État, et la République dans son ensemble, n’ont pas pris les mesures structurelles qui permettraient aux départements français d’Amérique de sortir définitivement d’une économie et d’une vie politique postcoloniale.

Mais aujourd’hui, face à un risque de fracture profond, peut-être irrémédiable, il est grave de constater que le Président et son gouvernement n’ont pas compris le malaise et le mal-vivre des Antillaises et des Antillais. Il est pourtant de leur responsabilité d’aller au fond des choses et de mettre tout sur la table.

Des mesures urgentes doivent être prises pour lutter contre la vie chère et les risques d’augmentation d’un chômage déjà très élevé. Certes, l’Etat n’a pas à se substituer au patronat et aux organisations de travailleurs, mais il n’a pas à se défausser.

Oui, il est question de développement économique et de répartition des richesses, donc de justice ! Le gouvernement devrait proposer, agir, rassembler. Mais si on ne peut lui faire l’injure de douter de sa volonté de discuter, ses méthodes, cavalières et désinvoltes, ont ravivé, au plus profond de l’âme antillaise, le sentiment de ne pas être traités comme des Français à part entière.

Le gouvernement doit avoir le courage de mettre sur la table de négociation, car négociation il doit y avoir, le scandale des circuits d’importation et de distribution. Des circuits qui favorisent, de façon éhontée, quelques familles, souvent descendantes des planteurs, et qui minent toute production locale. N’en déplaise à quelques uns de ses appuis politiques.

Il doit aussi s’interroger sur sa politique salariale envers les métropolitains qui viennent travailler aux Antilles, dans la fonction publique. Une politique qui n’a pu qu’accentuer l’impression qu’il y avait deux poids, deux mesures.

Il doit, enfin, engager une réflexion globale sur les moteurs du développement économique des Antilles françaises. La simple transformation de ces départements en destination touristique ne répond pas aux préoccupations d’emploi de nos compatriotes d’outre-mer ; ils savent d’expérience qu’une économie réduite à une production dominante, autrefois la canne à sucre, maintenant le tourisme, conduit à l’échec et à la dépendance.

Allez M. le Président, ce n’est pas en créant un énième comité que vous répondrez aux attentes, aux angoisses et aux revendications de dignité des Antillais et des Antillaises ! C’est en mettant à plat, sans délai, tout ce que l’on sait depuis très longtemps et que depuis trop longtemps on feint d’ignorer.

A moins que vous ne préfériez donner raison à Clemenceau qui disait que pour enterrer un problème, il suffit de créer une commission.

Gare alors à l’éruption sociale et demain politique, dans ces terres volcaniques !

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