QUELQUES REFLEXIONS SUR LA CRISE SANITAIRE ET LA SUITE par G.Constantin

La crise sanitaire actuelle nous conduit à revenir à nos fondamentaux :

la lutte contre les inégalités
la lutte pour la biodiversité et contre le réchauffement climatique
la défense de la laïcité et des libertés
La lutte contre les inégalités :

La crise actuelle comme toutes les pandémies frappe d’abord les pauvres et les personnes fragiles. Les études faites après la grippe espagnole de 1918-20 qui a fait en Europe plus de morts que la 1ère guerre mondiale le montrent. Les chiffres actuels, pas encore stabilisés, semblent le confirmer.

Mener des actions à court terme et travailler sur la durée :

Donner du pouvoir d’achat aux « pauvres » avec des mesures exceptionnelles au-delà du RSA (Rappelons-nous que c’est Rocard qui a créé le RMI) et garantir des salaires qui permettent de vivre et respectent « à travail égal, salaire égal ». Cela passe notamment par des accords de branches et d’entreprises, mais il doit y avoir une forte volonté de l’Etat.

Il est curieux que ce soit un homme de droite, Bruno Le Maire, qui demande aux entreprises de ne pas verser de dividendes aux actionnaires cette année pour consacrer les excédents aux salaires et aux investissements, ce que nous n’avons jamais fait.

Des services publics de qualité, en particulier pour la santé et les soins, mais aussi pour l’accueil du public. La « révision » des services publics et le tout-internet que nous n’avons pas su freiner sont allés beaucoup trop loin. Il faut de sérieux investissements, en particulier en personnel disponible. La relation humaine est indispensable. Soyons exigeants sur le « plan de relance pour l’hôpital public ».
La priorité à l’école, pour que celle-ci participe à la réduction des inégalités dès la début de la vie. Les mesures Peillon allaient dans le bon sens (mais sans l’arrogance !)
La justice fiscale : c’est le moment. Pour limiter le coût économique et social du désastre qui arrive l’Etat est l’acteur central : prise en charge du chômage partiel, compensation d’une partie de la perte du chiffre d’affaires des entreprises, recapitalisation-nationalisation des grandes entreprises en difficulté grave. L’Etat est le seul à pouvoir en supporter le coût lorsqu’il atteint 20% du revenu national. Mais cette charge doit être partagée équitablement entre les générations et les catégories sociales. La taxation des hauts revenus et des multi-nationales, l’ISF redeviendront centrales. Sans un système fiscal juste et efficace l’Etat ne pourra pas jouer pleinement son rôle.
L’accueil des réfugiés ; des travailleurs « détachés » bénéficiant des mêmes conditions que les nationaux ; la lutte contre le travail au noir (dans nos stations, le BTP …).
La mise en place de solidarité de proximité, comme le réseau de « citoyens solidaires » à Paris pour prendre régulièrement des nouvelles des personnes fragiles ou placarder des messages de prévention.
La lutte pour la biodiversité et contre le réchauffement climatique :

Les épidémies augmentent depuis quelques années. Pour de nombreux écologues la majorité sont des maladies produites par la transmission d’un agent pathogène entre animaux et humains. L’émergence des ces maladies infectieuses correspond à notre emprise grandissante sur les milieux naturels (déforestation, contact avec des animaux sauvages chassés de leur habitat naturel …)

Nous devons notamment favoriser les circuits courts alimentaires, manger des légumes et fruits de saison, réduire les consommations et donc les importations de soja et d’huilede palme, éviter la promiscuité d’un grand nombre d’animaux dans les installations d’élevage européennes …
Au niveau des collectivités territoriales les efforts doivent porter sur l’isolation thermique des bâtiments publics et ceux de logement social, sur les transports en commun, sur le chauffage et le développement des énergies renouvelables : microcentrales hydroélectriques sur nos torrents, panneaux solaires, éolien, utilisation de l’eau de nos lacs comme à Genève pour créer un réseau de chaleur …

Consacrer les sommes prévues pour le tunnel sous le Semnoz à un bus de grande capacité en site propre sur la rive gauche du lac d’Annecy, idem pour les axes reliant Bonneville, La Roche ou Thonon à Genève.

Faire le bilan de tout ce qui a manqué pendant la crise parce que les produits étaient

fabriqués en Chine ou ailleurs dans le monde et donc non disponibles et relocaliser de nombreuses productions (et pas seulement les masques). La proximité doit être la norme quand nous rebâtirons notre système de production. Ainsi, au-delà de la capacité à satisfaire les besoins en Europe, cela permettra de réduire les transports maritimes et aériens de marchandises.

La défense de la laïcité et des libertés :

La sortie de crise sera vraisemblablement longue et compliquée. La laïcité, c’est à dire le respect des convictions individuelles, dont la liberté individuelle est une composante risque d’être mise en difficulté.

Certaines mesures contenues dans les lois d’exception restrictives des libertés individuelles seront-elles maintenues comme après 2015 et 2017 ? La réorganisation par l’Etat d’un culte – certes important – sera-t-elle toujours d’actualité pour maintenir une sorte de paix sociale ?

Quid des mesures temporaires concernant le droit du travail ? Comment l’ »uberisation » d’une partie des emplois sera freinée par la généralisation des décisions de justice qui les qualifient d’emplois salariés ?

Comment les corps intermédiaires (élus, syndicats, associations …) écartés par Jupiter joueront un rôle important dans l’organisation de la vie sociale ?

Ne serait-ce pas l’occasion de systématiser et renforcer la représentation des salariés dans les conseils d’administration des entreprises ?

Beaux débats en perspective …

 

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Je pense que la social-démocratie a toute sa place dans la reconstruction de la société après la crise qui ne doit pas être simplement la transformation du capitalisme au numérique. Nous avons besoin d’un grand projet national et européen pour « après la guerre »

Georges CONSTANTIN

16 avril 2020

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