Echange avec l’historien Marcel Gauchet

Dans le cadre de la réunion hebdomadaire avec le groupe SRC, nous avons eu ce mercredi 18 février un échange très intéressant sur la république et la laïcité, avec ce grand philosophe qu’est Marcel Gauchet.

Vous trouverez ci-dessous, quelques extraits de cet échange avec celui qui est aussi historien et directeur d’études à l’EHESS :

« À l’épreuMarcel_Gauchetve des événements récents, on ne sait plus exactement ce que recouvre la laïcité, en dehors du principe du vivre ensemble. Est arrivé le moment de la redéfinition.
Il s’agit là d’une spécificité française. Le pire serait de s’aligner sur une norme moyenne internationale d’essence anglo-saxonne. (…)

Cette notion de laïcité est le produit d’une histoire sortie d’un conflit entre la République française  et l’Eglise catholique. Ainsi la première laïcité émerge avec la science moderne.
Avec la Révolution française, on ne parle pas encore de laïcité mais avec l’état civil les prémices apparaissent.
C’est en 1869 avec Gambetta que le débat s’instaure pour durer plus de 30 ans. L’Eglise catholique voulait être reconnue et finalement a poussé à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. La religion catholique avait donc beaucoup évolué et la laïcité est devenue une notion consensuelle.

Le débat est relancé par l’arrivée de l’Islam, qui est une religion qui s’identifie à une norme de vie (ce qui était le cas du catholicisme avant le 20ème siècle). Le problème est aujourd’hui de savoir comment on peut faire évoluer une religion pour la rendre compatible avec la norme républicaine de la laïcité. C’est tout le conflit de compréhension qui saisit notre société sur la question du blasphème. (…)

Dans le monde, la cellule de base est la famille qui s’insère naturellement dans le moule religieux.
En France, c’est la société qui est la structure de base. Ce qui est original mais plus difficile à faire vivre.
De plus, la république laïque est dans sa définition une république sociale, ce qui n’est pas toujours le cas et qui donc complique son acceptation par tous.»

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