Le point central en débat porte à mes yeux sur la conduite de l’équilibre budgétaire fondée sur les perspectives macro-économiques avec le cortège de décision sur les finances et dépenses publiques qui s’en suivent.
Elle diffère quelque peu de celle de mon ami Jean Peyrelevade.
Même si cette note a été rédigée pour l’essentiel avant les derniers chiffres connus, ceux-ci ne font qu’en confirmer la validité.
D’une part la sous-estimation des dépenses publiques dans le budget initial 2017 n’était pas aussi importante que ce qui a été dit et redit par certains compte tenu des méthodes de régulation budgétaire appliquées par tous les gouvernements et qui permettent des ajustements nécessaires en cours d’année.
D’autre part l’essentiel de la question budgétaire n’est pas, contrairement à ce que ce gouvernement comme beaucoup d’autres disent, dans le volet dépenses mais bien sûr dans le volet recettes.
De ce point de vue on constate comme toujours que l’élasticité des recettes fiscales (à la croissance) est beaucoup plus importante que celle des dépenses. Donc une seule variation de 0,2 % de PIB se traduit par 4 à 5 milliards de recettes supplémentaires évitant comme le fait le gouvernement aujourd’hui des saignées très importantes dans les dépenses publiques.
Nous ne sommes pas d’ailleurs au bout d’éventuelles surprises et bonnes nouvelles car, comme en 2000 par exemple (« la cagnotte »), nous pouvons avoir de très fortes rentrées d’IS en fin d’année et début d’année prochaine liées au retour de très gros bénéfices dans les sociétés les plus importantes. L’IS étant l’impôt qui a la plus grande élasticité.
Compte tenu de cela, du niveau actuel de l’endettement public et des taux d’intérêt, il apparaît totalement absurde de se donner comme priorité la réduction du déficit au-dessous de 3 % dès lors que la croissance en valeur du PIB s’approche de ses 3 % puisque ceci permet de maintenir le ratio essentiel qui est celui de dette publique/PIB.
Au contraire il faut absolument profiter de cette nouvelle croissance largement liée à la situation internationale et à la « dynamique » de la zone euro, pour accroître ponctuellement la dépense publique (notamment dans le soutien aux secteurs d’avenir et à la politique de l’emploi) et/ou le pouvoir d’achat dans les secteurs où l’effet sur le PIB est le plus lourd.
Donc il convient d’utiliser toutes les marges fiscales (dans la limite des 3% environ) à une politique d’investissement public associée à quelques mesures ciblées pour favoriser l’investissement privé risqué et à des gains de pouvoir d’achat pour les personnes les plus modestes. Ceci n’étant pas incompatible avec une réduction du déficit structurel qui est indispensable en cas de retournement de la conjoncture.
Bernard Soulage
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